28/01/2007
Un coquillage dans le jeu
J'aime bien la manière dont vous jouez. Un coude posé sur le tapis et en suivant l’articulation de l’avant- bras, une cigarette. L’autre main fait glisser un jeton avec une lenteur contrariée par un appel pressant. Vos mains appartiennent à un vertige
segmenté par des unités numéraires, dont l'énergie centrale est une bille. Elle tiendrait dans votre paume si celle-ci n'était pas maintenant renversée sur la table. Retournée. Comme un coquillage. Pâle mais involontairement nacré par les lumières de la salle de jeu, pigmenté par le ressac du temps, adouci par des caresses en institut . L’espace contrôlé du tapis est devenu le vôtre mais j’ai l’endurance nécessaire pour profiter du spectacle. Des fois même, je participe. Ne me regardez pas étonnée, je joue toujours le 9 après le 3. C'est comme ça, c'est une question de principe. C’est comme répondre au sphinx quand il pose une question pour éviter que le monde ne s'écroule. Vous auriez peut être ri de bon cœur si la bille n'avait pas hypnotisé cet élan. Ce lieu sape minutieusement le plaisir alors qu'il se vante du contraire. Ce n'est plus un de ces palaces flottants qui font rêver par leur faste (ou mieux leur exotisme), c'est juste une maison bourgeoise qui l'a perdu et qui se tient désormais aux antipodes du royaume imaginaire. Dans cet autre royaume, les coquillages racontent encore des histoires de marin, répétées à l'infini par le vent et collectées éternellement par les adultes en mémoire de leur enfance. J'aime bien la manière dont vous jouez, mais derrière le casino, il y a toujours le bruit de la mer qui joue une note plus haut.
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Écrit par : Sacha | 08/06/2007
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